Après Sion en 2022, un second commerce solidaire a ouvert ses portes le 4 novembre dernier, cette fois-ci dans le Chablais. L’OSEO Valais entend ainsi répondre aux besoins d’une population en difficulté, notamment alimentaire.

Quelque 2’000 personnes sont dans des situations précaires, uniquement dans les districts de Monthey et Saint-Maurice. © C. Haas

«J’aimerais obtenir ma carte d’achat, s’il vous plaît!» Alors que la gestionnaire en commerce de détail et maîtresse d’atelier peaufine le rangement des étals, une personne âgée l’interpelle, munie d’une attestation témoignant de sa situation. Christina Denis a l’habitude de ce type de requête: depuis l’ouverture début novembre, elle en distribue cinq à six chaque jour.

Sur présentation de ce document, les publics-cibles – bénéficiaires des prestations complémentaires AVS et AI, de l’aide sociale ou de l’Office de l’asile – peuvent faire leurs emplettes à des prix préférentiels, entre 25% et 70% moins élevés que les standards du marché.

Avec le soutien du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture (DSSC), ce second point de vente solidaire en Valais s’inscrit dans la continuité du projet-pilote lancé à Sion en 2022.

Fruits, légumes et produits laitiers

«On ne devrait pas exister, on est un peu des marchands de la misère», soupire Guillaume Sonnati, responsable du secteur adultes, et adjoint de direction à l’OSEO Valais (OEuvre suisse d’entraide ouvrière). Face aux chiffres élevés de la précarité – environ 2’000 personnes sont concernées uniquement dans les districts de Monthey et Saint-Maurice, 20’000 à l’échelle du Valais – la création de ce nouvel espace permet d’étoffer l’offre cantonale existante.

À quelques encablures de la gare, l’épicerie «obonmarché» bénéficie d’un emplacement de choix qui devrait faciliter l’accès à tous. Une position centrale qui évite l’écueil du tabou autour de la précarité. «L’épicerie est bien visible!», clame ainsi Guillaume Sonnati.

Pour l’heure, un assortiment de plus de 1’900 références est proposé à la clientèle. Dans les semaines à venir, fruits, légumes et produits laitiers compléteront cet achalandage. Une offre variée et soigneusement présentée que Guillaume Sonnati revendique: «En situation de précarité, les gens ont de moins en moins d’autonomie. Ici, on leur permet de choisir parmi une diversité de produits. Leur dignité est ainsi garantie.» Quant à la provenance des marchandises, les fournisseurs locaux et régionaux sont privilégiés, afin d’assurer qualité et circuits courts.

Plus qu’un commerce, l’épicerie est aussi un espace d’échanges où des liens se tissent. «J’ai déjà revu plusieurs fois des clients depuis l’ouverture», témoigne Christina Denis, en plein rangement, perchée sur une échelle.

Faire ses emplettes à prix réduits, entre 25% et 70% moins cher, c’est possible chez «obonmarché». © C. Haas

Une vocation de réinsertion

Au-delà de son aspect solidaire, le projet participe également au processus de réinsertion professionnelle. À Monthey, six personnes bénéficiant de l’aide sociale ou issues du domaine de l’asile pourront être employées. L’objectif de la structure est aussi de leur permettre de développer des connaissances et compétences dans le secteur du commerce de détail, sous la houlette d’un ou d’une maîtresse d’atelier. Une première personne débutera d’ailleurs sa formation tout prochainement.

Après deux semaines, Guillaume Sonnati fait part de signaux prometteurs. «On a environ 40 clients par jour. Les retours sont encourageants, bien que cela reste encore embryonnaire. » Désirant soutenir l’initiative, une dizaine de Montheysans est aussi devenue membre de l’OSEO Valais depuis le 4 novembre. L’épicerie leur est également ouverte, mais aux prix du marché. Le modèle devient ainsi mixte. Quant à de potentielles autres ouvertures, l’OSEO explique vouloir d’abord pérenniser son modèle avant de s’implanter ailleurs.

Riviera Chablais Hebdo
N° 229 | Du 19 au 25 novembre 2025
Charlotte Haas – redaction@riviera-chablais.ch
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