«Je revis depuis que je suis cette mesure. J’ai retrouvé la motivation d’avancer. Je ne me sens plus inutile et je sais pourquoi je me lève le matin», confie Daisy Ordronneau. Cette Valaisanne de 50 ans participe à la mesure d’insertion sociale active (ISA) mise en place par l’OSEO depuis 2016. Ces personnes, sans ou avec peu de perspective d’emploi, se rendent plusieurs fois par semaine dans un local sédunois pour confectionner des réalisations artistiques.

Plusieurs de ces artistes exposent leurs créations cette semaine au Port Franc à Sion. «Cela fait plaisir de montrer le travail qu’on a réalisé pendant des heures», s’enthousiasme Didier Piguet (54 ans) qui suit la mesure depuis six mois. «Ce passage m’a appris qu’un échec n’est pas la fin de tout. On peut toujours rebondir.» Pour l’exposition, il présente trois créations dont l’une est inspirée des Incas. «Je voulais faire voyager les gens à travers ma sculpture.»

Une mesure salvatrice

En plus de développer leur fibre artistique, les participants à ce projet d’insertion sociale ont également pu nouer des liens amicaux entre eux. «Aujourd’hui, c’est un peu comme une famille pour moi», souligne Muriel Sloua (57 ans), qui suit la mesure depuis sa création. «J’étais dans les premiers. Et je ne suis pas près de partir!» sourit-elle. Sans tabou, elle confie que cette initiative a été salvatrice pour elle. «C’est arrivé à un moment de ma vie où je n’avais pas le moral. Je m’étais retrouvée au social après les deux ans de chômage, sans espoir de décrocher un travail.»

Jusqu’à son arrivée en Valais il y a neuf ans, Muriel Sloua travaillait pourtant comme employée de bureau. «Mais comme je n’ai pas de diplôme, et que je ne connais aucune autre langue, je n’ai plus trouvé d’employeur.» A l’OSEO, Muriel Sloua s’est découvert des talents insoupçonnés. «J’étais sûre que je ne savais pas dessiner. Mais je l’ai fait et j’ai du plaisir.» Sur presque tous ses tableaux, une fée est représentée. «C’est un peu ma signature. Je suis fan des fées. J’avoue que j’aurais beaucoup aimé vivre dans ce monde-là», sourit-elle.

Tous les participants savourent aussi la liberté inhérente à cette mesure particulière. La démarche est volontaire et illimitée. «Les gens viennent de leur propre chef. Il n’y a pas d’obligation. L’objectif n’est pas que les personnes retrouvent du travail, mais qu’elles puissent se remobiliser», précise Gaël Blanchet responsable du secteur adultes.

Le public peut encore découvrir les créations ce jeudi de 15 à 19 heures au Port Franc à Sion.

Christine Savioz
Article Le Nouvelliste du 9 mai 2019